De vastes réserves d’énergie renouvelable sont disponibles au Québec, sous la forme du biogaz produit par les matières organiques. En exploitant cette ressource, les municipalités et autres organisations peuvent rentabiliser leurs déchets tout en réduisant leur empreinte environnementale.
Cet hiver, Saint-Hyacinthe devient la première ville au Québec à produire son propre gaz naturel à partir de matières organiques. La collecte sélective des « bacs bruns » des citoyens permettra ainsi de chauffer les bâtiments et de propulser les véhicules de la Ville à faible coût, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les surplus de gaz naturel renouvelable seront ensuite vendus à Énergir.
L’idée de Saint-Hyacinthe risque de faire des adeptes au Québec, tant pour ses avantages économiques qu’environnementaux. En effet, l’enfouissement des déchets organiques génère environ 6 % des émissions de GES dans la province, en raison d’un phénomène appelé la méthanisation.
Lorsqu’on laisse les matières organiques se dégrader naturellement, elles subissent une réaction chimique qui dégage dans l’atmosphère du biogaz, soit un gaz brut composé de méthane (50 à 75 %), de gaz carbonique (environ 35 %), et d’autres impuretés. Il est possible de capter ce biogaz et de le traiter pour produire du gaz naturel renouvelable.
C’est exactement ce que fera le nouveau Centre de valorisation des matières organiques de Saint-Hyacinthe, en partenariat avec Énergir. Les déchets y sont apportés pour subir un processus de biométhanisation, c’est-à-dire de méthanisation contrôlée.
Il en résulte un biogaz qui, après traitement, devient du gaz naturel renouvelable dont les propriétés énergétiques sont identiques à celles du gaz naturel distribué dans le réseau dÉnergir. Sa grande différence est sa source et son cycle de vie renouvelables à l’infini. Et pendant ce temps, moins de GES s’échappent dans l’atmosphère.
Des sources d’énergie variées
Avec la biométhanisation, nul besoin d’aller creuser des puits ou des mines à l’autre bout du monde ; la source d’énergie se trouve dans nos résidus de table et de jardin, les papiers et cartons, les boues de stations d’épuration, et les déchets agricoles ou de l’industrie agroalimentaire.
Une fois collectées par la municipalité, les matières sont placées dans de grands silos qui les « digèrent » à l’aide de cultures bactériennes. Après 15 à 40 jours, la matière se sépare en biogaz d’un côté, et en résidu compostable de l’autre, appelé digestat. Ce dernier peut notamment être utilisé comme fertilisant agricole.
La transformation du biogaz en gaz naturel renouvelable inclut le nettoyage des impuretés comme l’eau, le sulfure d’hydrogène (H2S) et les siloxanes, puis la séparation du dioxyde de carbone pour obtenir un gaz naturel composé de 97 % à 99 % de méthane. Dans le modèle actuellement à l’étude par la Régie de l’énergie, c’est le producteur qui se charge de cette partie du travail. Ensuite, Énergir prend le relais pour le mesurage, le contrôle de la qualité, le raccordement du site au réseau, l’injection dans le réseau gazier, et enfin, la distribution du gaz naturel renouvelable à toute la clientèle gazière québécoise.
Moins de coûts, plus de profits
Outre les municipalités, toutes les organisations qui génèrent d’importantes quantités de matières organiques sont des producteurs potentiels de gaz naturel renouvelable. Cela leur permet de réduire leurs coûts en alimentant leur propre consommation, et de dégager des profits en revendant les surplus. Le concept est encore plus attrayant si elles opèrent un parc de véhicules, car elles peuvent convertir ces derniers au gaz naturel et réaliser ainsi d’importantes économies, avec un carburant carboneutre (c’est d’ailleurs le cas à Saint-Hyacinthe).
À mesure que se développent les projets de biométhanisation, on pourrait bientôt voir apparaître une filière québécoise de gaz naturel renouvelable, produit localement. Avec un gaz naturel 100 % carboneutre, chaque producteur pourrait avoir l’opportunité de se démarquer comme chef de file du développement durable en contribuant directement à la réduction des émissions de GES de la province.

4 commentaires
Plomberie G Courchesne
Beaucoup de bénéfices viennent avec le gaz naturel renouvelable, une très bonne option à considérer !
à Plomberie G CourchesneMartin Raiche
C’est bien beau!
à Martin RaicheQuels sont les coûts véritables?
-de la maison à l’usine
-de fermentation des matières organiques
-de purification des gaz
-de l’administration de cet usine promotion, vente…transport, distribution…
Pourquoi la plupart des municipalités n’acceptent pas toutes les matières organiques proposées par le projet?
Les municipalités profitent-elles de ces supposés profits?
Et le compostage tant vanté par nos conseils municipaux, est-il voué à nos fond de cours et, comme avant, critiqué par nos élus…senteurs? à la vue? avec permis?
Gaz Métro
Bonjour Martin, les coûts de production du biométhane varient d’un projet à un autre, notamment en fonction des échelles de production. Sachez que les bénéfices reviennent à la municipalité. Le projet de St-Hyacinthe en est un bel exemple : http://www.gazmetro.com/blogue/energie/saint-hyacinthe-rien-ne-se-perd-tout-se-transforme
à Gaz MétroJean-Paul Martel
Félicitation!J’espère que cela va produire des petits à la grandeur du Québec et ailleurs.Merci!J.P.
à Jean-Paul Martel